Carnet de Route#1
Chine/Tibet
"Petite expérience cartographique et calligraphique"
2005-2006


Un proverbe dit qu’un pays avec autant de montagnes et de cours d’eau, l’accès en est difficile, on ne peut le comprendre aussi facilement.
La culture chinoise est née du relationnisme, laisser une trace visible, écrite. 
Donner une explication rationnelle du cosmos. L’origine du monde est liée au Tchi, L’énergie vitale du Yin et du Yang. La quête de l’harmonie de l’homme entre terre et ciel. Quand l’équilibre est atteint c’est le Zhong, le Milieu.
La chine :L’empire du Milieu.
Se distinguent deux courants, La pensée de Lao-Tseu, « père »du taoïsme.
Le Romantisme, souple, à l’image de la nature marquée par ces cours d’eau qui sillonnent le pays.
La pensée de Confucius, le Réalisme, la tranquillité dans l’ordre de la société, la stabilité, à l’image de cette nature montagneuse.
Pour ces deux pensées complémentaires, l’origine du monde (insufflé par le Tchi cette énergie vitale) vient du Di, Le vide. Nous sommes le Di, plongés dans le Di.
Un proverbe dit qu’un arbre c’est une tige, une grande tige, ensuite un tronc, une branche avec des feuilles, ensuite il dépérit, il vieillit… Et il meurt. Il en est de même pour l’homme. C’est aussi l’origine de la règle de l’univers.
On peut l’aider, l’améliorer, mais on ne peut la changer…
À l’aube du XXIe siècle, avec la mondialisation galopante et l’ouverture historique de ses frontières,
quelle sera la prochaine configuration humaine de la Chine.

Quelle est la devise de la Chine, à la face du monde.

Quand on sait quel modèle idéologique et économique capitaliste domine.
Quand on sait que pour la première fois les plus grands patrons chinois (le pouvoir économique) sont admis dans le Parti (le pouvoir politique). On me rétorque qu’ils n’ont pas le pouvoir de décision…
Faites entrer le cheval de Troie … On connaît la suite.
Comment la Chine, en pleine mutation, bouleversement, va –telle protéger, valoriser, le Di intrinsèque à la pensée chinoise.

Le fleuve Jaune commence par un ruisseau…
Ses perturbations politiques, tant internes qu'externes ont longtemps laissé le pays dans un semi coma relationnel avec l'extérieur.
Mais là-bas, en Asie tout va vite, très vite …Malgré les vicissitudes du monde moderne, et pour qui veut fuir ce modèle mercantile, il est néanmoins possible de découvrir une autre facette de la Chine.
Celle du passé, mystérieuse, envoûtante. Loin des sites pour un tourisme de masse grandissant.
Il est prétentieux de prétendre, faire le tour en une année néanmoins c’est l’occasion exceptionnelle d’approcher, de ce qui peut être, l’absolu « Ailleurs ».
N’est pas obsolète Le principe même du « bout du monde ».

La Chine est un monde en soi.
C’est L’histoire et une Culture qui sublime, sans pareil, la notion de Temps.
Le choc des civilisations.
Les tribulations durant une année, en train, en avion, en bus, en vélo…
Septembre Octobre
Le Sichuan.
province du sud -Ouest de la Chine.
Les Pandas...Pour tout lambda européen que nous sommes, la Chine rime immanquablement, avec Muraille et Panda. Le Panda est l’emblème de La Chine. Il n’est pas anodin d’en faire référence, le Panda reste l’animal le plus énigmatique longtemps en voie de disparition. Le renouveau de la Chine est à la mesure de sa passion pour cet animal.
Chengdu


Leshan
Da Fo

« Le plus grand bouddha du monde » Unique au monde, d’autant plus vrai, depuis la destruction de Bamiyan en Afghanistan.





Octobre novembre.
Nord de la chine, Beijing Pékin.
Capitale de la République Populaire de Chine.












Des lieux, des images, des sons, absolument tout est un enchantement…Que n’annule pas les drames vécus sur la place Tian’anmen. Tout un symbole politique. Elle fut à la fois la gloire Du Parti Maoïste, c’est là que fut proclamée en 1949 la République populaire de Chine, mais, c’est aussi là, en 1989 qu’il connut sa déchéance. Le successeur de Mao, Deng Xiaoping appliquera les mêmes méthodes violentes de répression. Parmi, les nombreux serments de fidélité à Mao, celui-ci se passe de commentaire…
« Nous suivrons étroitement pas à pas, nous saisirons en profondeur, nous appliquerons phrase à phrase, nous appliquerons mot à mot chaque instruction du président Mao ;celles que nous comprenons, nous les exécuterons, celles que nous ne comprenons pas, nous les exécuterons résolument aussi, et dans le processus d’exécution nous en approfondissons la compréhension ;nous ferons de la pensée du président Mao la substance de notre âme, de façon qu ‘elle commande chacun de nos nerfs, chacun de nos gestes ».

Décembre janvier. La province du Jiangsu à l’extrême Est.
Shanghai, Zhouzhuang, Suzhou.














Janvier février.
Chine du Sud. L’île de Hainan, 35° à l'ombre...









Province du Guangxi.
Guilin et Yangshuo
Avec le Lijiang ce cours d’eau qui sillonne le long des collines de pain de sucre, La Nature s’offre comme la quintessence d’un miracle des Cieux. Sculptures à ciel ouvert.






Le premier jour du mois lunaire ou « les trois débuts ».
Nommé « YAN DAN »YAN signifiant « le début » et DAN « Le lever du jour »il désigne ainsi le premier jour de l’année, le premier jour du mois mais également le début de toute une année raison pour laquelle on l’appelle ainsi « Les trois débuts ». Alors commence tout une série de cérémonies et rituels qui ponctuent cette fête du nouvel an chinois.


Canton, Guangzhou.
À la veille, de la fête du nouvel an chinois, Canton apparaît comme un bouquet de fleurs.
La fête du printemps ponctue la ville d’une décoration originale est typique de Canton, un subtil mélange d’arbustes d’agrume et de branches de cerisier en fleur où sont suspendue des Hong-Bao, ces pochettes de papiers rouge et or.





Canton,Guangzhou capitale de la Chine du Sud apparaît comme une ville méridionale par excellence. Des réminiscences d’une ville portuaire, méditerranéenne populaire, commerçante … Comme Marseille. Rebelle envers le pouvoir central de Pékin, elle revendique haut et fort sa spécificité de ville du sud. L’urbanisme y est des plus chaotique. Néanmoins, cette période vaut le déplacement, rien que pour ces magnifiques marchés d’agrumes.

Le jardin des Bonzaïs.
Exceptionnelles sont leurs formes, une vraie entorse à l’esprit cartésien.
La beauté de ces arbres miniaturisés apparaissent comme la quintessence et le symbole du temps qui passe, un tel concentré dans si peu d’espace, si peu de terre en racine, une telle vigueur à vouloir s’épanouir… Respect et Admiration.
Cette persévérance, cette endurance face à la rigueur et à l’abstinence, l’image même de la tortueuse frugalité de la vie. Sublime est le contraste entre la dureté apparente des conditions et la sérénité qui s’en dégage.


Mars Avril. Province du Shaanxi.
Hua shan. Montagne sacrée.
Le mont Hua «Le pic de l’Ouest » à 120 Km de Xi’an est l’une des cinq montagnes sacrées de Chine.
Impénétrable aux premiers abords, cette montagne à 2160 m d’altitude apparaît comme infranchissable. À tort, car elle offre une randonnée « aux cieux »des plus vertigineuse.










En face de cette montagne sacrée, se trouve un temple unique car longtemps fermé aux publics et donc resté en "l’état" et épargné d'une restauration à "tout va". Surnommé « La cité interdite du Shaanxi » reste un témoin exceptionnel de la richesse du passé. La patine du temps en est que plus précieuse.
 




Mai-juin.
Printemps.








Xi'an.
Le choc des civilisations... Sera le facteur de bien des frustrations mais aussi de longues méditations et réflexions sur le sens de ce que nous sommes en tant qu’Européen mais surtout et essentiellement en tant qu’Humain.
La confrontation est violente. Les repères éclatés vous explosent en pleine figure.
Où suis-je ?
au milieu de nulle part… au milieu d’un empire de surcroît à Xi’an, le centre de la chine.

Les premiers temps au centre ville, sont essentiellement consacrés à se repérer et à s’acclimater, c’est une frénésie, une excitation, un bouleversement visuel poétique et esthétique mais qui ne cache pas la dureté des conditions de vie pour une partie de la population.




Intrigants sont ces hommes et femmes jeunes et vieux qui passent leurs journées allongés aux cotés de leur vie racontée aux couleurs éphémères de la craie. Parfois le texte écrit à même le sol suscite une vraie attention des passants qui prennent la peine de lire, de discuter formant un hémicycle. Mais étrangement à l’insu de la personne concerné, car ce dernier s’isole complètement dans un sommeil semi comateux.


la Chine est championne de la débrouillardise. Un peu d’histoire… Mao Zedong avec sa politique du « grand bond en avant » en 1959 mettra en exergue trois facteurs caractérisant le peuple chinois. La force de la chine, qui réside dans son dévouement même. La seule force révolutionnaire qui permet de surmonter les obstacles. L’improvisation villageoise, son « bricolage indigène » dixit Simon Leys qui remplace les moyens scientifiques, techniques et industriels manquant cruellement à cette époque. La phase positive intelligente, astucieuse et créatrice à ses débuts du Maoïsme. Vieilles recettes de la guérilla qui par la suite, avec la « Révolution culturelle » de 1967 à 1969 dévoile le caractère anachronique de la politique Maoïste. Les carences érigées en avantages, le sous-développement comme facteur positif à l’encontre des solutions plus adaptées, l’exaltation du patriotisme… Mao est considéré comme le dernier Empereur qui avec sa folie achèvera le peuple et lui-même. L’histoire est ancienne encore que…Mais le peuple chinois fut profondément marqué, et folle et ingénieusement est la masse travailleuse pour subsister. L’astucieux principe du « bricolage indigène ».






Les chinois sont des bosseurs au détriment de la personne humaine.
Beaucoup de femmes aux allures d’homme qui pour le coup sont les égales des hommes dans ce milieu des petites gens.

























Les chinois ont inventé le travail de proximité, de la débrouille, de la petite main.
Tout est bon et utile jusqu’à l’absurde.
De l’employé dans un parking souterrain dont la tache consiste uniquement à vous tendre le ticket qui sort de la machine, à l’embauche d’ouvriers pour dégager des mètres carrés de béton fraîchement posé faute d’avoir délimité le coffrage…
Héritage du Maoïsme qui avec sa politique totalitaire « exaltait » et réquisitionnait les femmes pour le travail, même pour les taches les plus dures.
Une foule de multiples services, travail de proximité, immédiate plus ou moins efficace. Le Monde du travail petit et grand en chine est une suite de labeurs et commence tôt. Le matin, la ville est ponctuée de rassemblement devant tout commerce et entreprise. Les travailleurs se retrouvent au garde-à-vue alignés sagement. Des petits soldats qui avant d’attaquer leur journée ont droit au discours matinal et rituel du chef de travail.


Des formes et des couleurs.

















La rue, témoin privilégié. Un monde où l’espace privé n’existe pas ou peu. Sa densité de population est telle, que la rue fait office d’annexe, de prolongement de la vie privée. Un monde où la frontière entre l’espace privé et public est subtile. On y étend son linge dès les beaux jours en toute impudeur…

On y fait aussi sa toilette. Ces activités du quotidien montre, en fait, tout un monde souterrain, cette chine profonde bouleversée, bousculée, tiraillée, à cheval entre l’archaïsme et la modernité. Un monde de travail en pleine mutation. Une organisation du travail et de l'espace publique qui parfois, vire à la « fellinienne » ou à la « kafkaïenne » selon la situation…

Le quartier Hui et la Grande mosquée de Xi’an.
S’il est, dans sa majorité en Chine, de trouver facilement des temples Taoïstes, bouddhistes ou confucéens, plus rares sont les lieux de culte musulman. En cela la mosquée de Xi’an et sa communauté Hui en est que plus exceptionnelle. Les chinois sont à 92% des Han, mais se trouvent des minorités ethniques, parmi eux les Huis. Descendant des musulmanes sunnites arrivées de l’ouest avec la route de la soie, ils sont actuellement et essentiellement des marchands et artisans, ils sont les seuls musulmans en chine à parler le chinois.




La grande mosquée est un bijou d’esthétisme. Un brassage intelligent de différentes influences culturelles. 
























Campus de Xi'an.














la Calligraphie.























L’art de la calligraphie fait partie du patrimoine encore bien vivant de la société chinoise. Au moins 
un membre dans chaque famille pratique cette activité intrinsèque à la pensée chinoise.




Apprentissage de la calligraphie. Campus universitaire de Xi'an.



























Les cours durant toute l’année feront mon bonheur mais aussi une grande frustration, au vue de la patience et de la difficulté de l’apprentissage…Toute une vie ne suffirait pas.


























La pratique de la calligraphie est une longue histoire de souffle, de respiration, de plein et de vide, d’énergie vitale, de mouvement, d’hygiène de vie mental…Tout comme d’ailleurs la plupart des traditions culturelles chinoises. La pratique du Taï Chi en est un exemple parmi tant d’autre.




Les chinois particulièrement les plus âgés sont d’une étonnante souplesse et dès l’aube s’occupent de leur corps en toutes sortes de mouvements physiques, qui font passées "nos vieux Européens"pour des pachydermes paresseux…
Juillet
TIBET

De la Chine, l'on pourrait dire que c'est un monde en soi mais alors que dire du mythique Tibet...
Au delà des enjeux géopolitiques entre la Chine et le Tibet dont il y aurait de quoi écrire tout un roman, le Tibet reste le Voyage humain par excellence.
On dit d'ailleurs "Le toit du monde" mais en fait il faudrait dire "Le toit de la foi Humaine".
Elle domine magistralement et configure totalement les relations humaines.
Il est quasiment impossible d'y faire l'impasse et surtout d'y être insensible.
L'extraordinaire foi bouddhiste fait toute la spécificité des tibétains.
Une telle croyance, force l'admiration et l'on pourrait comprendre, en partie, l'acharnement de son voisin chinois à vouloir l'humilier.
À tort bien sûr!
Car les tibétains et les bouddhistes sont d’une profonde humanité.
C’est la douceur même et la quintessence de l’altruisme.
La seule « arme » des tibétains se résume à un moulin à prière qui, comme le prolongement du corps ne quitte jamais le croyant.

Lahssa, Le Potala.















































































































































































Monastère Drepung
Ancienne résidence d'été de l'actuel Dalaï-lama.


























































Région du Damxung, 4718m d'altitude.



















Lac Namtso "Lac céleste".








































Monastère Samye







Comment un petit pays avec ses 2 millions d'habitants peut-il être l’enjeu de tant de préjugé pour la Chine avec son plus d’un milliard d’habitants…
Les enjeux sont ailleurs et il est affligeant de réaliser, aux dires et rencontres avec quelques pèlerins, que de nos jours encore, ces moines ne peuvent pratiquer en toute sérénité leur foi… Tout le monde sait que le Dalaï lama est en exil… En Inde, l’ennemi économique justement de la Chine.
« L’enfant volé, le 11e Panchen-lama » un documentaire évoque ainsi des tensions toujours d’actualité, cinquante ans après l’annexion de leur pays, les tibétains sont minoritaires sur leur propre terre…
Prière pour le Panchen Lama
Vendredi 21 avril 2006.
Un moine bouddhiste prie vendredi avec les militants des «Amis du Tibet» pendant une campagne pour la libération de Gendhun Choekyi Nyima, le 11ème Panchen Lama choisi par le Dalaï Lama, à Kolkata, dans l'est de l'Inde. Le Panchen Lama est la deuxième autorité religieuse bouddhiste et Gedhun Choekyi Nyima avait été désigné par le Prix Nobel de la paix en 1995, quand il avait six ans. Il a toutefois aussitôt disparu et les associations de défense des droits de l'homme estiment qu'il est "le plus jeune prisonnier politique du monde».
Le régime communiste nie sa détention. Pékin a désigné son propre Panchen lama «officiel».
(Libération. fr)

Les enjeux stratégiques sont toujours aux détriments des plus faibles et malgré l’aura et l’adhésion d’une grande partie de l’Europe envers le Dalaï Lama et le Bouddhisme, ce pays et son peuple souffre de manière évidente de l’écrasant esprit de colonisateur qu’est la Chine.
Parallèlement vient d’être inauguré en grande pompe, le premier juillet 2006, le Premier départ du train direct, Pékin Lhassa. Le Tibet vit ses derniers moments d’authenticité. Avec le chemin de fer, son accès facilite un tourisme de masse…Chinois. Et avec, inévitablement, la structuration pour l’accueillir. Une invasion dont on ne mesure pas encore les conséquences, irrémédiables. Reste que la magie opère et cela commence symboliquement par le Ciel.
Venant de Chine on est frappé par l’immensité et la pureté du ciel. 
Mais très vite on est littéralement subjugué par son peuple à terre.
























"Le toit du monde"
indiscutablement c'est LE VOYAGE qui transforme, pour longtemps, votre vision du monde.
Le retour est comme la fin d’un rêve, par la violence brutale et immédiate du monde moderne, frénétique, hystérique.
Un choc, brut de décoffrage…

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